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André Perrin: Paradoxes de la pensée progressiste
Agrégé de philosophie et ancien professeur de classes préparatoires aux grandes écoles, André Perrin est l’auteur de plusieurs ouvrages remarqués dont Scènes de la vie intellectuelle en France (L’Artilleur, 2016). Il collabore à la revue "Commentaire".
« Une introduction magistrale à ce travail de la pensée critique qui est visiblement devenu, de nos jours, la chose la moins bien partagée du monde intellectuel et artistique hexagonal. » Jean-Claude Michéa
Depuis la chute du mur de Berlin et l’effondrement de l’empire soviétique, il semble que les idées libérales aient gagné la partie: de fait, le système de production capitaliste et l’économie de marché se sont imposés au point que ceux-là mêmes qui persistent à les vilipender dans leurs discours se gardent bien de les remettre en question lorsque, d’aventure, le pouvoir politique leur est confié. La pensée progressiste, qui se développait jusque-là sous le régime de la lutte des classes, s’est trouvée désorientée par l’épuisement du « grand récit » révolutionnaire. Les classes laborieuses dont elle se voulait le porte-parole se sont détournées d’elle et, à son grand scandale, se sont mises à « voter mal ». Désormais orpheline de la classe ouvrière, elle s’est cherché un peuple de substitution et elle a cru le trouver en agrégeant différentes « minorités », ethniques et sexuelles. Renonçant à la lutte des classes au profit de la lutte des races et de la lutte contre « toutes les discriminations », elle en est arrivée à renier l’héritage des Lumières et à promouvoir des conceptions réactionnaires et obscurantistes, parfois même franchement délirantes.
Lecteur et auditeur attentif des médias où domine ce « tout petit monde » de l’intelligentsia progressiste, journalistes, universitaires, gens de culture, André Perrin met en évidence les contradictions auxquelles elle se trouve ainsi acculée, les contorsions intellectuelles et les acrobaties verbales au moyen desquelles elle tente d’y échapper, les techniques d’intimidation auxquelles elle a recours pour nous empêcher de voir une réalité qui dérange ses certitudes. Sous sa plume ironique et incisive, d’une réjouissante férocité, se dévoile un monde à la fois consternant et hilarant, celui de la « post vérité » dans lequel nous sommes entrés.